Maison de Budé-de Saussure

Maison de Budé-de Saussure

Hôtel particulier
Genève GE

Maison de Budé-de Saussure Maison de Budé-de Saussure

L’architecture du n° 10 de la rue des Granges résulte d’une histoire pluriséculaire et renferme encore quelques secrets. Côté rue, la maison a conservé un corps de logis gothique édifié au début du XVIe s. par Charles le Grand, archiprêtre de la chapelle des Macchabées. Il est traversé par un long couloir desservant une cave voûtée et se caractérise par une porte et des fenêtres à meneaux et accolades finement moulurées.

Dès 1627, la maison appartient à Barthélémy Micheli, originaire de Lucca tout comme F. Turrettini. Dans les jardins, il fait édifier une « galerie » d'apparat, objet exceptionnel à Genève, que seule la situation particulière de la parcelle permet d'établir intra-muros, perpendiculairement aux remparts de la ville.
Ce petit pavillon de réception, à l'origine haut d'un seul étage et couvert d'un toit à pavillon, a été surélevé d'un niveau entre 1805 et 1837. Il se composait, au rez-de-chaussée, d'un portique ouvert sur arcades en plein cintre supportées par des colonnes ovales (aujourd'hui fermé) et à l'étage, d'une unique galerie éclairée par des fenêtres à meneaux surmontées chacune d'un fronton triangulaire.
La colonnade et le système décoratif des fenêtres tissent une parenté stylistique frappante avec la Maison Turrettini, laquelle a permis d'attribuer cette galerie au même architecte, Faule Petitot. Le bel escalier en demi-vis que l'on emprunte pour se rendre à l'étage est probablement contemporain de la galerie.
En 1720-22 la maison contiguë (n°12) et une partie du n°10 sont reconstruits sur le nouvel alignement de la rue des Granges pour le comte de Montréal, Bernard de Budé, tandis que le corps gothique est maintenu en saillie sur la rue. C'est en 1757 que l'ancêtre du Cercle de la Terrasse, alors connu sous le nom de Cercle de la Maison de Montréal, s'installe au 1er étage de la maison.
A l'occasion des travaux de surélévation de la galerie, on dispose à l'intérieur du premier étage des boiseries qui viennent masquer des peintures murales commanditées par Bernard de Budé dans la première moitié du XVIIIe siècle. Redécouvertes et restaurées en 1981, ces peintures sont uniques à Genève et dépourvues de toute référence locale. Elles sont inspirées des « grotesques » à l'Italienne, des « chinoiseries » alors à la mode et des faïences « dans le goût » du peintre Bérain.
Le bâtiment est aujourd'hui propriété de MM. Christian de Saussure et Philippe de Saussure.