Maison Calandrini

Maison Calandrini

Maison de maître
Cologny GE

Maison Calandrini Maison Calandrini

La plus énigmatique des maisons de campagne du XVIIIe siècle est celle que se fait édifier entre 1782 et 1786 le négociant-banquier, ancien Conseiller d’État François Calandrini-Cayla dans le domaine familial de Frontenex qu’il s’était attaché à agrandir et à réorganiser dans les années 1760.

L'édifice, implanté en position dominante sur un important niveau de caves, frappe par l'échelle de son volume massé et par ses puissants pilastres d'angle en grès embrassant deux niveaux. Son toit en ardoise à deux pans débordants dévoile du côté des façades principales de larges pignons qui évoquent discrètement la forme triangulaire d'un fronton.
Tout à la fois temple et maison, l'édifice se distingue aussi par ses façades relativement dépouillées, d'inspiration néoclassique. Les accents architecturaux y sont traités de manière d'autant plus affirmée qu'ils se présentent en nombre limité, et c'est à leurs abords que se concentre l'essentiel du décor : telle la magnifique porte d'entrée axiale en noyer sculpté, livrée en avril 1786 et due fort probablement à l'ornemaniste Jean Jaquet ; tel le décor à feuillage de chêne qui apparaît, aux quatre angles de la maison, en alternance avec les initiales enlacées du couple commanditaire (Calandrini-Cayla) ; ou, telle encore, sur la façade jardin, la magistrale abside en creux qui s'élève jusqu'à la hauteur de l'entablement et intègre à l'étage un petit balcon.
Au niveau des salons, cette « tranchée » absidiale, dont l'idée pourrait puiser dans l'œuvre du célèbre Ledoux, va de pair avec un parti distributif de type rayonnant comprenant entre autres, une étonnante implantation oblique de la salle à manger, qui n'a pas son pareil à Genève.
Si c'est au précurseur de l'architecture néoclassique française que la maison semble faire référence pour sa façade jardin, c'est dans un dessin publié par une autre pointure de l'architecture française de la seconde moitié du XVIIIe siècle qu'elle puise son inspiration pour la façade sur cour : le dessin d'une « hutte primitive », idéal de simplicité aux origines de l'architecture, telle que la conçoit Jacques-François Blondel dans le premier volume de son Cours d'architecture civile paru entre 1771.
Le domaine, qui a fait l'objet de travaux de restauration entre 2004 et 2006, est aujourd'hui habité par ses propriétaires, Enrico et Benedetta Spinola.